Étendre sans annihiler
Cette extension
d’une maison des années 30, typique de son époque, consiste en la
juxtaposition d’un second volume indépendant, duplicata contemporain de
l’existant. Ce parti pris répond à deux objectifs majeurs : d’une part
préserver les proportions et les modénatures du pavillon existant ; et
d’autre part, constituer deux entités fortes, respectivement ancrées
dans leur époque, afin de générer l’entre-deux, thème récurrent du
travail de l’agence. Cette distance entre l’existant et le projet
s’opère sur différents plans : Conceptuellement, elle génère un
entre-deux, l'«événement» du projet où se cristallise la « rencontre »
des espaces, des usages, des époques etc. Sur le plan urbanistique,
cette mise à distance permet de s’insérer dans le tissu contextuel :
malgré la surface importante du programme, la volumétrie du projet
respecte l’échelle bâtie du quartier. Enfin, techniquement, cet écart,
physique cette fois, assure une indépendance structurelle des deux
bâtiments, évitant reprise en sous-œuvre et tassement différentiel. Sous
ce volume et entre les deux «bâtiments», se développe un espace vaste
et libre qui accueille les pièces de vie commune, largement ouvertes et
baignées par la lumière de l’Ouest. Une trémie équipée d’un filet
d’habitation, permet de jouir de ce lieu de rencontre, entre deux
époques, mais aussi entre les générations, puisqu’il connecte l’espace
des enfants, situé dans la partie neuve, à celui des parents, situé dans
la partie ancienne. Ces espaces « entre-deux » constituent le lieu
privilégié de la rencontre attendue : le pavillon existant se prolonge à
l’intérieur, créant un jeu d’inversion de la façade, toujours
constituée de ses matériaux d’origine (pierres meulières, briques et
enduit), mais devenant mur intérieur. Ce jeu de miroir
intérieur-extérieur met en valeur l’histoire de la maison.